Louise Roo, étudiante en design graphique
cv, contact[at]louiseroo.fr, @louiserroo

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Je m'intéresse au renouvellement typographique des caractères de labeur traditionnels grâce aux techniques de numérisation. Je m'oriente sur le procédé de la transposition, notamment sur les notions de conservation, d'utilité, de lisibilité et de matérialité. Cet intérêt se prolonge par un questionnement sur ce qu'on cherche finalement à reproduire dans les caractères.

DRUCKER, Johanna.

De la lettre à l’écran : la migration des caractères,

Back Office n°3 « écrire l'écran », 2019.
Lu en septembre 2023.
Imiter la perfection des formes et des proportions

L’article de Johanna Drucker expose la migration des caractères du papier vers les écrans et l’impact de cette mutation, « l’évolution des supports, de la gravure lapidaire aux écrans en passant par les surfaces encrées, a influencé notre conception des lettres. » Elle se questionne dans tout son article sur « la tension entre l’existence unique et systémique de ces formes » qui viennent à rationaliser les typographies en les fixant dans des formes et des proportions qui semblent parfaites et formant le canon typographique, elle affirme d’ailleurs que les lettres ne ressemblent en rien à des formes géométriques telles que les triangles.

BENJAMIN, Walter.

L’œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique,

Allia, 2012.
Lu en septembre 2023.
Ce que des hommes avaient fait, d'autres pouvaient toujours le reproduire

Dans cet ouvrage, l'auteur introduit la notion de reproductibilité en infirmant que « l’œuvre d’art a toujours été reproductible », pour la prolonger et aborder la reproductibilité technique. Cette notion affirme de la nouveauté, par exemple l’écriture est devenue reproductible techniquement uniquement grâce à l’arrivée de l’imprimerie. Au fil de son livre, il va introduire la matérialité de ces œuvres qui perdent des fonctions lors de leur reproduction, « encore manque-t-il à la reproduction la plus parfaite une chose : le hic et nunc [l’ici et maintenant] de l’œuvre d’art » Il prend d'ailleurs en compte toutes les transformations que l'œuvre aurait pu subire au cours de sa conservation, cela permet un témoignage historique qui ne se reflétera alors pas dans la reproduction, tout cela étant lié à la notion d'aura qui inclut la perte d'unicité.

GOURAUD, Timothée & BASSI, Alexandre.

Chaumont Script,

ANRT, 2021.
Lu le 13 septembre 2023.
Des modèles de lettres « à l'arraché », directement au pinceau, sans contours

Timothée Gouraud et Alexandre Bassi ont lancé la font Chaumont script en 2021, une typographie numérisée à partir de dessins de caractères au pinceau plat de la peintre Chantal Jacquet. Face à l'uniformisation des typographies et de leurs ressemblance parfois lassantes, les deux graphistes se lancent le défis de transposer une écriture manuscrite. Ils évoquent la spécificité de lettres manuscrites et l'imperfection de la réalisation qui n'est jamais la même. Ils la rendant accessible à toutes les langues latines et proposent un set complet en prenant en compte les irrégularités de l'écriture de Chantal. Toutes les lettres sont dessinées pour pouvoir fonctionner entre elles pour garder une continuité du geste, même dans une version numérique.

KINROSS, Robin.

La typographie moderne : Un essai d’histoire critique,

B42, 2019.
Lu en septembre 2023.
Apporter du sang neuf à la création typographique

Dans son ouvrage, Robin Kinross explique de manière critique le développement de la typographie depuis le XXe siècle jusqu'à aujourd'hui. Il évoque la typographie par son importance dans le domaine du graphisme. Kinross aborde principalement des débats actuels qui concernent la tradition, la forme, et la lisibilité, « Toute la typographie n'est-elle pas moderne ? ». Notamment le conflit entre les visions de Dwiggins et Johnston face à la reproduction typographique, « Dwiggins réalisait des travaux destinés à être reproduits, au contraire de l’écriture de Johnston, qui représentait un aboutissement « en soi », et qui s’opposait aux procédés de reproduction. »

BALDINGER, André & MILLOT, Philippe.

Ensadlab : création de caractères typographiques : entre histoire et novation.

École nationale supérieure des arts décoratifs de Paris, 48min, 28 novembre 2014.
Visionné le 10 octobre 2023.
Pourquoi ne pas imaginer à l’écran ce qui a été expérimenté
sur papier

Dans cette conférence, les deux designers nous présentent 3 projets réalisés à l’EnsadLab type : l’ELT Sorbon, l’ELT Gaston et l’ELT Times. Ils évoquent tout le processus de création qui a pu entourer ces projets, que ce soit le but principal, les expérimentations graphiques de chaque étudiant pour comparer les meilleures versions, leurs partis-pris, mais aussi tout ce qui a pu en découler comme les déclinaisons non-existantes de base que ce soit de graisse ou de style. Ils parlent aussi du fait que bien qu’ils se basent sur des documents historiques sélectionnés par leur soin, ils laissent aussi place à la création et viennent des fois de ne pas se conformer aux pseudos exactitudes historiques.

MOGLIA, Anton & MISANI, Nick.

Embellir jusqu’à l’usure,

Lettres mobiles, 71min, décembre 2022.
Écouté le 11 octobre 2023.
En abimant les courbes on garde une structure qui est forte
et qui fait que ça marche quand même

Dans ce podcast, Anton Moglia interview Nick Misani, designer, typographe lettreur. Il parle en détail de tout le travail qu’il a pu effectuer sur son projet Fauxsaics, que ce soit ce qui l’a mené à faire ce projet jusqu’à ce qu’il fait actuellement. Ses fauxsaics sont des illustrations typographiques en mosaïque qui sont réalisées numériquement avec un réalisme tel qu’on pourrait croire qu’il les a réalisé physiquement. Il évoque particulièrement la notion de réalisme, « chercher le réalisme », car il ne veut pas se contenter de plaquer ses dessins sur un faux-semblant virtuel. Il lie cela de la recherche de la perfection, il cherche à déformer et détruire intentionnellement ses lettres pour apporter un réalisme plus important.

RIECHERS, Angela.

Meet Ange Degheest, Pioneering 20th-Century Female Type Designers,

Eye On Design, 2022.
Consulté le 11 octobre 2023.
Une version alternative de l'histoire, superposant la véritable histoire de la typographie à un personnage crédible

Ce projet d'exposition met en valeur le travail d'Ange Degheest, personnage fictif inventé pour rendre hommage aux femmes qui ont travaillé dans le domaine de la typographie et porter « l'attention sur un vide » sans pour autant avoir de reconnaissance. Pour cela les étudiantes ont réalisées 6 typographie relatant de différentes techniques que Degheest aurait pu réaliser, que ce soit du travail des poinçons jusqu'à la réalisation d'une typographie pour Minitel.

GILL, Eric.

Un essai sur la typographie,

1936. Ypsilon éditeur, 2018.
Lu en octobre 2023.
Concevoir des objets susceptibles d’être fabriqués par des machines

Dans son ouvrage, Eric Gill explore l'évolution de la typographie face aux avancées techniques, en exprimant l'impact sur l'artisanat traditionnel. Il met en lumière l'importance de la typographie pour les créateurs et imprimeurs, la définissant comme un art influençant la compréhension des textes. Gill examine les innovations techniques, il parle de leurs effets positifs mais aussi négatifs. Il discute de l'uniformité des typographies et souligne les conséquences de la répétition et de la perte de l'essence des lettres. Il plaide pour une expressivité typographique renforcée, permettant aux textes de transmettre émotions et sens plus profonds.

RIGAUD, Emilie.

Typographe du futur,

France culture, 5min, octobre 2020.
Visionné le 23 octobre 2023.
On ne peut pas prévoir à l’avance là où les lignes vont tomber

Dans cette vidéo, Émilie Rigaud explore la diversité des lettres et leur construction, elle met en avant l'imperfection du manuscrit pour les surprises qu'il offre, opposée à la création numérique directe. Elle présente sa typographie Coline adaptée aux livres de poche et qui prend en compte la taille du livre. Elle évoque la conception d'une typographie japonaise avec près de 2 000 signes, mêlant la calligraphie libre et le défi de les adapter à des cases carrées, illustrant la tension entre geste libre et mécanisation dans la typographie.

WORMS, Frédéric.

Pourquoi a-t-on besoin de l'utilité ?,

Le pourquoi du comment : philo, 3min, juin 2022.
Écouté le 23 octobre 2023.
L’utile nous paraît inévatable et incontournable

Dans ce podcast, Frédéric Worms tente de répondre à son questionnement sur l’utilité. Il met directement la notion en rapport avec l’humain car nous avons des besoins et des choses qui nous sont nécessaires pour vivre, qui nous sont donc utiles. Mais c’est en abordant le fait de se contenter de l’utilité qu’il vient s’appuyer sur la pensée de Martin Heidegger, philosophe, qui lui affirme que l’utilité, qu’il appelle aussi ustensilité, est la maîtrise du monde, sur la maîtrise technique. Il conclut en laissant l’idée de dépasser l’utilité et de l’élargir.

ALBERS, Anni.

En tissant, en créant,

Flammarion, 2021.
Lu en octobre 2023.
Face à notre propre singularité d’artisan, nous découvrons une immensité composite qui a son efficacité et ses défauts

Anni Albers explore l'artisanat et l'industrie dans ses articles « Réfraction » et « Un aspect du travail artistique ». Elle souligne l'importance de valoriser le travail artisanal malgré l'essor de la mécanisation, mettant en avant la créativité et la valeur unique des artisans. Elle compare les contraintes et les avantages de l'artisanat et de l'industrie, et souligne que la mécanisation ne remplace pas la richesse artistique. Albers remet également en question la conception artistique, encourageant à développer notre capacité créative et à faire confiance à notre intuition pour résoudre des problèmes, prônant la construction artisanale plutôt que l'analyse ou la décoration.

UNGER, Gérard.

Pendant la lecture,

B42, 2015.
Lu en octobre 2023.
Les lecteurs possèdent de façon volontaire de vastes
connaissances typographiques

Cet ouvrage aborde la typographie par son influence dans la lecture. Il revient en détail sur l’importance de la lisibilité des typographies dans les ouvrages. Il l’explique d’abord de façon théorique par l’histoire de la typographie pour ensuite explorer en détail la forme des lettres et les paramètres qui la concernent quant à la lecture et à la compréhension d’un texte. Il exprime d’ailleurs de nombreuses fois la variété des typographies qui existent aujourd’hui qui peuvent particulièrement influencer la lecture, que ce soit en termes d’émotions rejetées que pour leur lisibilité par l’habitude des lecteurs. Il porte une importance particulière à la lisibilité qui peut en français aussi bien s’adresser à la distinction des lettres entre elles qu’à l’aisance de lecture.

FAUDOT, Alexis & RIBAS, Rafael.

Gotico-Antiqua Project,

ANRT, 29min, 2019.
Visionné le 24 octobre 2023.
La gravure du poinçon et l’impression, amènent des variations pour un même signe

Dans cette conférence, le projet lancé par Jérôme Knebusch et Thomas Huot-Marchand à l'ANRT est expliqué par deux étudiants qui ont pu participer en grande partie à ce projet de 2017 à 2019. Ils reviennent sur le contexte, un vide entre deux événements forts qui sont l'invention de l'imprimerie moderne de Gutenberg et 15 ans plus tard Jenson qui conçoit un archétype typographique. Ils cherchent à développer 15 fontes relatant de ce manque, notamment lors d'ateliers puis ajustées par leurs soins. Ils reviennent sur tout le processus que ce soit de la rationalisation à la conception d'un gabarit. Par ce projet, ils tentent de retrouver la forme du poinçon tout en conservant la texture de l'imprimé.

DOWNER, John.

Call it what it is,

Fonderie Emigre, 2003.
Consulté le 24 octobre 2023.
The way that typefaces are continually revived and placed
into new contexts has always fascinated me

Cet article est issu du spécimen du caractère Tribute de Frank Heine publié par la fonderie Emigre. Tout d’abord, Frank Heine présente sa typographie dans le spécimen et dans lequel il évoque les enjeux de la recreation et d’adaptation de caractères historiques, notamment sur le lien que la création peut maintenir avec le passé. John Downer revient plus précisément sur ce sujet en prolongeant sur les notions de plagiat et de préservation.

SUNIER, Coline & MAZÉ, Charles.

L’ABCC du CACB,

2016.
Consulté le 6 novembre 2023.
Chaque exposition au CAC Brétigny est l'occasion d'ajouter des signes à LARA

Les deux designers graphiques et typographes ont réalisé l'identité visuelle du CAC de Brétigny. Ils mettent en place une identité basée sur un abécédaire nommé LARA, alimenté à chaque nouvelle exposition, il prend place au sein du centre. Ils ont réalisé un travail de récolte important pour refléter le contexte géographique mais aussi politique et artistique du lieu. Ils élaborent une identité qui se met en place aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du CAC. Ils reviennent enfin sur les apports de chaque exposition dans ce travail d'identité en perpétuelle évolution.